Voyage spirituel . . . [Solo]

« Voyage spirituel . . . »

Il fait si sombre ici . . . je vois de la fumée, des flammes, un ciel rouge. Et pourtant, je n’ai jamais eu aussi froid de toute ma vie. J’entends des cris, des pleurs, mais je reste impuissante au spectacle qui se déroule devant moi. Mais toutes ces complaintes m’arrachent les tympans. Je n’en peux plus, arrêtez. Puis tout devient clair. Je vois du sang sur mes mains. Plus un bruit dans le manoir. Juste le crépitement de la maison qui prend tout doucement feu. Le malheur est partout autour de moi et pourtant je ris. Je ris de pleine voix. Dansant au milieu des flammes, me délectant de ce moment de jouissance inoubliable. Libérée d’un destin tragique.

Je me réveillais soudainement. Comme sorti du passé. Je m’étirais longuement. La nuit n’était pas encore terminée, mais le sommeil ne voulait plus se montrer. J’étais de passage en ville, et j’avais pour le coup loué une chambre dans une auberge. Je m’allongeais sur mon lit. L’air songeur. Je repensais aux événements récents. Les Elles, après le cataclysme, avaient étés laissées avec bien peu de protection. Le résultat ? Des pirates avaient attaqué le pays, la résistance avait tout de suite été lancée mais . . . quelques jours après l’attaque, un dragon était une nouvelle fois apparu. Laissant ainsi un pays en pleine pagaille.

Même si je n’en savais pas plus que les voyageurs. Et tout cela ne m’intéressait pas trop à vrai dire. La seule chose qui me préoccupait désormais était de savoir ce que je pouvais faire désormais. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités malgré le fait que j’étais libre de choisir ma voie. Pour le moment, je vivais d’une des seules choses qui n’avaient pas un rapport direct avec ce pour quoi j’avais été élevée. La danse. Allant de ville en ville pour gagner quelques écus. Mais au fond de moi, je sentais comme un vide profond, et ce vide devenait à certains moments, incontrôlable. Ça m’était déjà arrivé plusieurs fois, et à chaque coup, un malheur en résultait. Comme maudite pour mes erreurs passées, mais quelles erreurs ? D’être née dans un monde injuste ?

Finalement, je réussissais à me rendormir. Quand le matin arrivait, la chambre était froide. C’était l’inconvénient de dormir sans réels vêtements. Le réveil était toujours difficile. Je m’habillais rapidement, et rassemblais mes quelques effets. J’allais continuer mon voyage. Vers où ? Seul le futur me le dira. Même si j’avais une petite idée de ma prochaine destination. Un endroit calme où je ne risquais pas d’être dérangée.

Je commençais à en avoir marre de la population. Enfin, cela dépendait de certains points. Mais même si j’étais de nature calme, je pouvais perdre le contrôle à tout moment, et je ne voulais pas que quelqu’un soit dans les alentours lorsque cela arrivera. C’était pour cela que je cherchais un endroit calme, où laisser exploser cette émotion de pure folie ne poserait problème à personne.

Je m’étais convaincus qu’une fois cela fait, tout deviendrait plus clair. Enfin, je l’esperais sincèrement . . .

« Trouble . . . »

Je sortais de ma chambre, et m’étirais longuement. Même s’il était encore tôt, les villageois commençaient déjà à travailler. Je m’asseyais à une table de l’auberge et commandais à manger. Partir le ventre vide ne me disait rien du tout, alors autant profiter du confort de ces lieux jusqu’au bout. Une fois mon repas servit, je l’entamais, quand un groupe d’individus un peu trop bruyant entrait dans l’auberge. Ils commençaient à brailler et à rire très fort. Tout ce que je détestais si tôt dans la journée. L’un d’eux regardait dans ma direction avant de s’adresser au maître des lieux. *Encore des bons à rien . . .* Je terminais mon petit déjeuner, et posais la somme due sur la table. Avant de me diriger vers la sortie.

L’air était frigorifiant, mais je n’avais rien à dire, je savais ce que risquais en me baladant aussi peu habillé, tout du moins, mes vêtements ne correspondaient pas à cette période de l’année. Il fallait dire que je n’avais pas grand-chose à me mettre. Bien, après avoir pêché des informations ici et là, j’avais obtenu des informations sur un lieu coupé de la civilisation. Ces deux personnes âgées m’avaient garanti que je ne croiserais personne là-bas. Sans doute un lieu secret qu’eux seuls connaissaient. Les histoires de jeunesse etc . . . Je me dirigeais donc là-bas pour essayer de trouver un semblant de paix intérieure.

La route était vide, à cette heure-ci peu de gens y sont, mais je sentais qu’une présence me surveillait. Je me retournais, regardant dans toutes les directions, mais rien, pas un bruit. Je continuais donc ma route jusqu’au lieu-dit. Je devais passer dans une petite forêt qui menait ensuite dans une grotte. Une fois la grotte traversée, on arrivait dans une petite clairière entouré par une petite colline, à l’abri de toute civilisation donc. Un endroit parfait pour se ressourcer donc. Le voyage bien qu’un peu plus long que prévu n’était pas réellement éprouvant. Mais c’était avec joie que je découvrais ce jardin secret.

Il y avait beaucoup de végétation, des arbres, de magnifiques fleurs. J’étais émerveillé de trouver un si bel endroit. L’exploration allait pouvoir commencer. D’après les deux anciens, je n’allais pas être déçu en découvrant tout ce que ce lieu cachait. Et je devais avouer qu’ils n’avaient pas eu tord. Mais je me demandais toujours pourquoi m’avaient-ils révélé ce lieu secret. L’explication la plus logique qui me venait à l’esprit était, qu’ils ne voulaient pas que ce lieu tombe dans l’oubli. Et je les comprenais.

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Après quelques heures de visites, j’avais trouvé les principaux points de repère, une petite source d’eau qui coulait depuis une cavité, ce qui laissait place à une petite rivière qui séparait l’endroit avant de se jeter je ne sais où. Et une vieille cabane plutôt en bon état pour son âge. Je savais où passer la nuit désormais. Mais avant toute chose, je devais me laver. Voilà bien deux jours que je n’avais pas eu la joie de prendre un bain.

J’arrivais près de la source d’eau qui coulait en une petite cascade. Je posais mes affaires sur la rive, et me dévêtis. Avant de plonger dans l’eau. Je restais bien là de bonnes minutes, à me prélasser dans cette eau. Quand j’entendis des bruits au loin. Pas des animaux car les animaux ne rigolent pas. D’après le nombre de voix, ils étaient trois. Et je reconnaissais celle-ci, faute de les avoir entendus brailler plus tôt. C’étaient les mêmes hommes qu’au village. Ils venaient de trouver mes effets sur le rivage.

« Eh bien mademoiselle, c’est dangereux de rester seule dans ce genre d’endroit ! »

Ses compagnons ricanaient dans leur coin. Je me redressais hors de l’eau. A la vue de mon corps, l’un des idiots sifflait. Je commençais à divaguer, et à rigoler à mon tour. Avant de les regarder avec un sourire malsain.

« Pourquoi ne pas me rejoindre alors ? J’ai très envie de jouer avec vous. »

J’arborais un visage qui les mettait mal à l’aise. Malheureusement, c’était trop tard pour eux.

« De quelle couleur peut bien être votre sang ? »

« Malaise . . . »

Les trois hommes avaient des sueurs froides, je pouvais le sentir. Alors que je m’avançais doucement vers eux, eux se contentaient de reculer en m’observant. Même s’ils n’étaient pas vraiment des personnes fréquentables, je ne voulais pas leur faire du mal mais, plus je résistais plus je sombrais dans les ténèbres. J’étais désormais assez proche d’eux pour leur porter atteinte. Je commençais à lever mes mains dans leur direction quand, quelque chose que je croyais impossible en ce monde se produisit. Un homme sortit des buissons et commença à chasser le trio d’idiots. On pouvait penser que ceux-ci ne se laisseraient pas faire mais . . . ils détalèrent comme des lapins. Je restais bouche bée devant la scène. Petit à petit je retrouvais l’usage de mon corps.

Le nouveau venu se retourna vers moi et prit la pose du héros. Je ne savais pas s’il était stupide ou fou, ou les deux. C’est à ce moment que je prenais conscience de ma position. J’étais nu comme un ver, devant un homme qui de toute évidence se rinçait l’œil sans gêne. Mon visage commençait à virer au rouge. Je me dépêchais de mettre mes vêtements quand je glissais et m’assommais contre un arbre.

Encore des flammes, je me vois danser au milieu du bois qui craque, du vent qui souffle, et de la chaleur de cette bâtisse qui de toute évidence ne tiendra plus longtemps. Soudain, c’est un sentiment d’effroi qui m’envahit. Je tombe au sol, et un liquide chaud coule sur mes joues. Je pleurais, mais pleurer quoi ? Mes mains sont couvertes de sang. En levant les yeux, je vois une dizaine de cadavres qui jonche le parquet. Tous morts. *Je . . . je . . . je les ai tous tués ?* Je me mets à hurler à plein poumon.

C’est en poussant un petit cri que je me réveille. J’étais en sueur et avais une belle bosse sur la tête. Je regardais autour de moi, j’étais dans la petite cabane repérée un peu plus tôt emmitouflé dans une couverture. Il faisait déjà nuit et j’entendais le crépitement d’un feu dehors. Un feu de camp était en train de se consumer tout doucement. Un homme était assis à ses côtés. Je quittais la couverture et me dirigeais vers lui et m’asseyais à sa droite. Sans un mot. Pourquoi me méfier ? De toute évidence, c’était lui qui m’avait amené ici après la péripétie plus tôt. Le même qui avait fait fuir les trois autres. Tournant la tête dans sa direction, je l’observais, il était plutôt beau, dans la vingtaine, les cheveux bruns, des yeux bleus, tellement bleus que l’on pouvait se perdre dans son regard. Un corps plutôt athlétique. Et qui savait magner la lance, enfin, j’en déduisais cela au vu de la lance disposée à ses côtés.

Je brisais le silence en premier.

« M-merci pour ton aide tout à l’heure, ainsi que pour m’avoir transporté en lieu sûr . . . »

« Noir . . . »

Je le regardais, ne comprenant pas de quoi il pouvait bien parler.

« C’est la couleur de tes sous-vê . . »

Il n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que je l’envoyais valsé d’un coup de poing bien placer. J’étais tombé sur un cas. Il se relevait avant de rire à pleins poumons. Il était vraiment étrange. Il se rasseyait à mes côtés.

« Je m’appelle Marian, les malandrins de tout à l’heure sont des cas, vraiment. Je dois constamment veiller à ce qu’il ne perturbe pas l’ordre public. »

Je l’écoutais parler de lui et du village, j’étais suspendu à ces lèvres. De ce que j’avais compris, il faisait autrefois partie de la garde mais après le cataclysme, il avait trouvé refuge dans un village et était devenu leur protecteur. Pendant qu’il parlait, il me tendait une gourde. Bien qu’un peu méfiante, je buvais deux-trois gorgés. Il me regardait tout sourire.

« Quel est ton nom ? »

« Lindsey, Lindsey Yeegar . . . »

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