Retour en arrière.

J'avais bien évolué depuis mon départ de la maison du maître, autant au niveau physique que psychologique. Je n'avais jamais eu de réel but dans la vie à l'exception de ce désir inconditionnel  de venir en aide à tout le monde, peu importe les risques, n'ayant aucune considération pour ma vie. Je ne souhaitais pas réellement la mort, à l'époque, mais je l'attendais le plus tôt possible, espérant retrouver ma vie d'avant, une fois de l'autre côté. J'aurais tout donné à l'époque pour avoir la chance de revoir mes parents, avoir la change d'être de nouveau dans leur bras et de ne plus avoir à leur dire adieu. Ma témérité ainsi que mon inconscience du danger, allait sans doute accélérer ce moment tant attendu.

Le destin en avait décidé autrement, je fis la connaissance d'Arialas Ishtarian. La jeune femme me servit un sermon digne d'une mère, me rappelant la chance que j'avais dans cette vie malheureuse qui était la mienne. Je choisis de l'écouter, malgré sa façon plutôt brusque de s'exprimer. Cette décision me permit de faire un pas de plus vers la bonne direction, ne souhaitant plus rencontrer la mort, je pouvais enfin me battre pour ma vie ainsi que celle des autres. Je compris également que la place d'un mage blanc n'était pas au front, faisant de réels efforts pour rester derrière, refrénant mes pulsions héroïques irréfléchies. Par la suite, je parcourus le monde de Gorah de long en large, essayant d'aider le plus de gens possibles, mais toujours en gardant en tête que ma sécurité personnelle était l'ultime priorité. Je fis bon nombre de rencontres certaines moins intéressantes que d'autres, je rencontrai également la femme qui fit vibrer mon cœur pour la première fois, Isis. Une jeune mage noir de la région de Ravey, je l'avais rencontré totalement par hasard, succomba immédiatement à son charme. Je me sentais maintenant prêt à revenir, retourner sur les terres qui m'avaient vue naître et grandir, revoir ma maison, la ville et ses rues... le château. J'étais en quête de réponse, je voulais savoir qui étaient réellement mes parents, les quinze dernières années ayant achevé de faire sombrer dans le brouillard, les quelques souvenirs qu'avait préservés l'enfant que j'étais.

Il ne me restait plus que quelques mètres avant d'atteindre Oguld, j'étais à la fois nerveux et existé, personne n'était au courant de mon retour dans la région pas même le maître. Je l'aperçut enfin la grande et fière capitale de royaume des Ellès, elle n'était que l'ombre d'elle même, la reconstruction allait avançait bien, mais il restait encore beaucoup à faire. Une fois sur place, les rues ne me semblaient pas disposées de la même façon qu'avant, je n'avais rien contre un peu de changement, il n'y avait également pas encore de bâtiment trop élevé, je ne pouvais donc pas me perdre. Je me dirigeai donc vers l'emplacement de mon ancienne maison, dans l'espoir d'y retrouver des traces de mon passé. Une fois arriver, je ne vis que désolation, il ne restait plus rien, qu'un rectangle de terre entourée de verdure trahissant la présence du bâtiment qui n'était maintenant plus. Je me laissai tomber sur les genoux, il n'y avait plus d'espoir, je ne savais pas où diriger mes recherches maintenant qu'il ne restait rien ici. Peut-être que les ruines de la bibliothèque me permettraient de récolter quelque information, mais il ne fallait pas y compter trop. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues en proie à une déception sans nom. Je ne remarquai pas l'homme qui s'approchait lentement de moi, une expression trahissant sa stupéfaction face à ma présence devant ce carré de terre. Il m'aborda donc voix timide et hésitante.

- Wall, c’est toi ?

Surpris d'entendre ce surnom d'une autre époque, je me retournai en vitesse. Il ne pouvait s'agir d'une seule personne, Bastien mon meilleur ami de l'époque. Nous nous étions connu lorsque je m'étais interposé entre ce dernier et un des voyous de notre académie, déjà à l'époque j'avais le sang chaud, depuis ce jour, il me surnommât Wall en référence à un mur, une barrière qui l'avait protégé. Au premier regard, je ne le reconnus pas, les années l'avaient bien changé, il avait pris en muscle et en corpulence, le jeune homme qui était frêle faisait maintenant le double de corpulence... Je devais en avoir le cœur net, je le questionnai alors à mon tour.

- Bastien, est-ce bien toi mon ami ?  

Le père m'expliqua en détail l'évolution des symptômes de la maladie de son enfant, il n'était pas médecin, mais il me fit tout de même une description très méthodique du schéma de ce mal. Dans un premier temps, la petite avait eux beaucoup de vomissement, puis la fièvre était venue. Lucy n'avait pas faire de chose sortant de son quotidien dans les jours précédant l'infection, excepter une balade dans la forêt accompagnée de sa mère, mère qui n'était toujours pas revenue d'ailleurs, j'ignorais précisément le moment de son départ, mais au dire de Bastien cela faisait plus d'une journée... Très étrange. Il était vrai que l'enfant était beaucoup trop jeune pour posséder des habitudes de vie établie par sa propre volonté, mais mon ami semblait avoir compris le sens de ma pensée et cette balade en forêt paraissait suspecte. Cette maladie était peut-être en lien avec la balade dans la forêt et dans le sens de cette hypothèse la vie de la mère était peut-être également en danger. Je passai rapidement ma main au-dessus du corps, puis dans un deuxième passage je m'arrêtai au niveau de l'estomac, je ressentais la présence d'une sorte de poison. Je fis apparaître ma lumière bleue me concentrent à extraire le venin, peu à peu la fillette reprenait des couleurs, jusqu'à ce mettre à pleurer et bouger frénétiquement sous les yeux ébahis de son père. Il enlaça tendrement sa fille avant de lui déposer un baiser sur le front et de me prendre, à mon tour, dans ses bras. Il ouvrit la bouche, sa voix était chaleureuse et trahissait sa joie.

- Je ne saurais comment te remercier mon ami, tu avais omis de me mentionner que tu étais devenu un puissant mage blanc ! J'ai peut-être quelques informations qui pourrait t'intéresser retournons à la table, je tant pris.

J'acceptai son invitation oubliant dans la foulée ma préoccupation à propos de la femme de mon ami, je retournai donc m'assoir à la table suivie de Bastien qui tenait son petit trésor dans ses bras. Il prit place devant moi, commençant à bercer la petite, il finit par prendre la parole le sourire aux lèvres.

- J'ai appris pour la mort de tes parents, je suis sincèrement désolé, c’était réellement le chaos ici, quand les troupes de Galdion ont pénétré dans la ville. Quand, je pus finalement venir prendre de tes nouvelles, je suis tombé sur une maison vide...

Il relatait de bien vieilles histoires, pour moi tout cela était du passé, mes parents étaient toujours avec moi, mais dans mes pensées, m'accompagnant à chacun de mes pas. J'ai bien assez pleuré leur mort, j'avais maintenant tourné la page, le temps n'était pas à la nostalgie de toute manière. Je pris alors la parole.

- Ne tant ne fait pas pour ça mon ami, le passé est le passé et puis si tu m'étais venu en aide se jours là, jamais je ne serais devenu le mage que je suis aujourd'hui... Jamais je n'aurais pu sauver ta fille...

Il baissa la tête devant la réalité froide de mes propos, il n'avait pas à ce sentir coupable, j'avais accepté depuis longtemps le passé et accepté l'homme que j'étais devenu. J'étais fier d'être devenu quelqu'un à même de faire la différence, de pouvoir offrir mon aide et sauver des vies... d'être moi. Bastien finit par redresser la tête et reprit la parole.

- Je t'avais parlé de certaines informations, alors les voilà. Quelques années après l'attaque de notre belle cité, un homme à fait son apparition dans les rues, je lui est tout de suite porté une attention particulière, vu qu'il pratiquait le métier que je rêvais de faire, mercenaire. J'ai passé beaucoup de temps à ses côtés, il m’a appris beaucoup notamment dans le maniement des armes. Je parlais régulièrement de toi à l'époque vivant notre séparation comme je le pouvais. Un jour, il est reparti comme il était venu, mais je n'ai pas manqué de lui demander son nom, Volte Wälle qu'il s'appelait. J'ai tout de suite pensé à toi, Wälle n'est pas un nom très commun dans la région. J'ignore encore les raisons de sa visite dans la région, mais je parie qu'il était à ta recherche... Il m’a finalement dit avant de disparaître dans la forêt :«Tu diras bonjour à mon neveu de ma part !» J'imagine que se neveux, s'était toi ?

J'écoutai attentivement le discours de mon ami, Volte Wälle ? J'aurais donc un parent proche toujours vivant ? Quelle bonne nouvelle, mais pourquoi n'étais-je pas au courant de son existence. Je repensa rapidement à mon père, il était le genre d'homme prohibant l'utilisation des armes, favorisant le verbe à l'utilisation de l'acier, se pouvait-il qu'il avait intentionnellement écarté son propre frère de sa vie, en raison d'un différent idéologique ? Bastien reprit la parole ce qui coupa ma pensée.

- Je suis désolé, je n'en sais pas plus... Éléonore saura tellement heureuse de savoir que la petite va bien !

Mon hypothèse me revint finalement à l'esprit, la balade dans la forêt ce lien que partageais la femme et la fillette, le seul événement qui avait précédé la maladie et qui sortait de leurs quotidiens, je devais faire quelques choses.