Au clair de la lune

Quelques jours c'étaient écoulés depuis la mésaventure avec les mercenaires et Jehny Alina. Une jeune guerrière sur qui l'archère était tombée et avec qui elles avaient aidées un noble pré-cataclysme à plus ou moins, récupérer ses biens. Un combat inattendu et d'une violence inouie c'était ensuite déroulé choquant la plupart des protagoniste de ces duels multiples.

Après le réglement de cette histoire, les deux jeunes femmes avaient décidées de voyager un temps ensemble, Merry la quitterait sûrement lorsqu'elles ne seraient pas loin de l'ex-frontière Ashenvans. Elle devait aller à Olfren.

Aujourd'hui était une belle journée d'hiver, un ciel bleu et gris à la fois. Une température qui était supportable, Les Ellès ayant toujours connus des climats tempérés et agréables même en hiver.
Merry jaugeait l'heure, vu la position du soleil et l'éclairage ambiant elle ne doutait pas que la fin de la journée approchait. Environ dix-huit heure ? Cela semblait être le cas.

- Nous devrions trouver un coin pour passer la nuit. Espérons trouver mieux que la dernières fois.

La nuit dernière elles l'avaient passées en pleine plaine. Sans abris pour le vent ni dénivelés, exposées à n'importe quels bandits, mais continuer le voyage aurait pu être dangereux, déjà qu'elle s'était arrêtée alors que la nuit était déjà installée.. Cela n'avait pas été pratique de tout installer dans le noir, bien qu'elle n'aient pas grandes possessions. Chercher du bois pour allumer un feu avait été rendus impossible, déjà par le manque de bois environnant, mais aujourd'hui était différent. Un petit bois pointait le bout de son nez et la blonde et la brune s'y engouffrèrent jusqu'à trouver une clairière des plus agréables à l'oeil où s'installer.

Un bruit d'eau régulier attira leur attention pour découvrir une petite rivière à l'eau calme et sans danger. Elles pourraient laver leurs affaires de rechanges déjà bien crasseuses. Enfin si Jehny en avait emportée. La blonde elle se savait à la limite de l'hygiène supportable depuis quelques jours.
Un voyage ne vous laissez que rarement, intacte, propre et présentable.

Il ne fallut qu'une petite heure aux femmes pour réunir un foyer pour le feu, installer leurs couches et réunir assez de bois sec pour le feu.

- Tu as quelque chose à faire cuir Jehny ? Ou le feu ne servira que de source de chaleur ?

Merry voulait discuter, et ce volontiers. Durant la journée elle avait gardée un long silence, harassée par le voyage et étrangement tendue. Plusieurs fois elle avait fait attendre Jehny une dizaine de minutes et était partie en avant éclairer la route. Même elle se demandait ce qui lui donnait une telle paranoïa depuis quelques heures. Peut être des vieux démons resurgissaient en elle.
Prête à allumer le feu, elle s'assit quelques minutes sur sa couche et regardait sa partenaire.

Le campement installé, Jehny se laissa tomber sur sa couche en un soupir de confort. L’instant de calme qui signifiait la fin d’une journée bien remplie était quelque chose qu’elle avait tendance à chérir, surtout qu’elle se sentait bien plus en sécurité avec une autre personne de confiance et relativement bien cachée dans un coin discret. Le bruit de l’eau avait aussi quelque chose d’apaisant… vraiment, les deux jeunes femmes étaient tombées sur un bon coin cette fois-ci. La Déesse avait peut-être décidé de se montrer charitable vu les conditions très peu agréables qu’elles avaient dû subir la nuit dernière.

-Tu as quelque chose à faire cuir Jehny ? Ou le feu ne servira que de source de chaleur ? questionna Merry, faisant se lever à moitié (et un peu à regret) sa partenaire qui s’empara de son sac pour vérifier.

-Je ne crois pas, mais voyons voir…

Hum, naturellement, tout ce qui était susceptible de pourrir vite avait disparu en premier. Il ne restait donc que de la viande séchée et du pain, la base.

-Non, on dirait bien que je n’ai rien. Et il commence à être un peu tard pour chasser, peut-être demain matin avant de repartir ?

Il devait y avoir du gibier dans les environs, et Merry avait prouvé déjà plusieurs fois qu’elle savait comment manier son arc. Néanmoins, c’était bien dommage de ne rien avoir. Jehny n’aurait pas craché sur un bon repas chaud, mais bon.

-Qu’est-ce qu’il te reste comme provisions de ton côté ? demanda l’ex-soldate en calculant rapidement ce qu’elles pouvaient se permettre pour éviter de se retrouver sans vivre d’ici le prochain village (qui ne devrait plus être très loin d’après les informations reçues, mais sait-on jamais).

Alors qu’elle réfléchissait, la jeune femme vu son attention porter vers la rivière. Une idée commençant à germer dans son esprit, elle s’en approcha pour mieux voir. Peut-être y avait-il… ? Ah ! Jehny eut un grand sourire. Sillonnant entre les pierres et plantes dans la rivière, des poissons suivaient le courant vers une destination inconnue. Certains d’entre eux avaient une bonne taille.

Il y avait peut-être moyen de rendre le repas plus attrayant finalement !

-Merry ? Tu as déjà pêché au bâton ?

Jehny regarda rapidement les alentours. Il y avait toujours la possibilité d’essayer d’attraper les poissons avec les mains, mais ce n’était pas exactement la méthode la plus efficace (les quelques fois où Jehny s’y était essayée, ça avait pratiquement fini en crise existentielle sur son incapacité à attraper une vulgaire petite créature écaillée). Il lui faudrait donc deux bâtons assez résistants et de bonne taille, en plus d’une roche pour les tailler (la demoiselle préférait ne pas utiliser son épée pour éviter de l’endommager, même chose pour le couteau de chasse de Merry).

-Attends-moi ici quelques minutes, d’accord ? Je vais voir si je peux trouver quelque chose d’adéquat pas loin !

Contente de son idée, la jeune guerrière s’éloigna rapidement du camp sans vraiment attendre une réponse.

Rien à cuir pour la brune... Ecoutant sa partenaire, Merry fouilla dans son sac pour en sortir quelques morceaux de viandes séchées et du pain trop dur pour être mangeable à présent. Il ne lui restait que peu de provisions à elle aussi et elle se demandait si cela valait le coup de les consommer maintenant.

-Cela prendrait trop de temps de chasser demain. Mais avec quelques branchages et feuillage, je devrai pouvoir faire un piège à lapin assez rapidement... mais nous manquons d’appâts et je doute que la viande ne les attirent.

La blonde poussait un petit soupir de lassitude. Elle avait rêvée ce petit repas chaud toute la journée et elle n'avait pas osée jusqu'à maintenant, regarder ses provisions pour ne pas se décevoir.

L'idée vint de Jehny, elle voulait pécher. Premièrement cela raviva l'estomac de l'archère, lui faisant même oublier à quel point la pêche pouvait être longue par moment. Elle fit non de la tête à sa partenaire.

- Non, jamais eu l'occasion !

Il faudrait se dépêcher, Merry fixait le soleil sans même s'y brûler les yeux tellement l'heure avançait. Pêcher dans le noir serait impossible à moins d'un coup de chance extraordinaire.
Jehny semblait savoir quoi faire et sans attendre son reste, elle partie sans laisser le temps à Merry de s'exprimer la bouche encore entre ouverte mais surprise par la rapidité de la jeune femme.
Que faire alors en attendant. Elle hésitait mais la fraîche brise du soir commençait à se faire sentir alors elle tenta d'allumer le feu. N'y arrivant pas pour l'instant après plusieurs minutes, elle attendait le retour de Jehny en faisant le tour de la clairière. Plusieurs champignons trainaient dans les hautes herbes mais ne possédant que peu de connaissances à leurs sujet, elle préféra ne pas les toucher. S'empoisonner serait la dernière chose à faire dans un endroit perdu comme celui ci.

Finalement, elle s'assit un peu à l'écart et décrocha son carquois afin d'observer ses flèches. Elle n'en avait pas prit grand soin dernièrement et observant leurs pointes, certaines était nacrées de sang séché... du sang humain se souvint elle. Pendant quelques secondes, une vague de pacifisme l'envahit, presque contre nature pour elle, habituée à la violence gratuite de ce monde. C'était ce lieu qui apaisait la jeune femme, elle lui prêta même une propriété magique tellement il semblait être un havre de paix n'appartenant qu'à ceux le trouvant.

Une petite douleur vint la tirer de la rêverie envahissante, son épaule la relançait, comme lui lui avait apprit l'impérial, elle sortie un baume d'un petit pochon accroché à sa taille et elle s'appliqua les derniers grammes de la lotion. L'odeur sentait fortement la menthe séchées, ce n'était pas désagréable mais maintenant, elle n'en avait plus. Peut être la blessure serait totalement guérie. Il faut dire que les combats d'y il a quelques jours avaient tirés sur ses sutures encore trop récentes. La tension lui avait fait bander son arc un peu trop fortement et les muscles trop tendus avaient étirés la peau.

Un craquement dans l'herbe lui indiqua le retour de celle avec qui elle partageait à présent la route depuis quelques jours.

-Tu as trouvée ce que tu cherchais ?demandait idiotement l'archère alors que Jehny tenait visiblement quelques bouts de bois dans ses bras

C’était P-A-R-F-A-I-T !

Bon d’accord, c’était en fait loin de s’approcher de la perfection, mais vu la spontanéité de la recherche, la zone limitée et le peu de temps pour s’y consacrer, Jehny était plutôt fière de ses trouvailles. Un des bouts de bois était peut-être un peu court pour servir de harpon, mais il devrait faire l’affaire. L’autre était un peu tordu, mais bon, c’était la nature à un moment. Ils étaient tous deux solides par contre, probablement le plus important. Quant à la roche… eh bien elle n’avait pas grand-chose à dire dessus, celle-là semblait rencontrer les normes nécessaires à la tâche qu’elle aurait à faire.

Il était maintenant temps de rentrer au camp. Jehny regrettait un peu de ne pas avoir pris son sac avec elle, comme ça elle n’aurait pas eu à tenir la pierre dans une main et il aurait été plus simple de se déplacer qu’avec deux bâtons assez grands dans une seule main (les arbres environnants ne permettaient pas vraiment de les tenir à l’horizontal). Heureusement qu’elle ne s’était pas trop éloignée, sinon ça aurait pu lui tirer un juron à force de manquer de trébucher. Mais aucun équilibre précaire ne l’empêcherait d’atteindre son but ! Si ça pouvait se faire sans trop d’égratignure par contre…

M’enfin. La jeune guerrière retrouva le minuscule campement sans réel problème, juste un trajet inconfortable. À son arrivée, Merry demanda si la recherche avait été fructueuse.

-Hum hum ! Ça devrait faire l’affaire, suffit plus que de les tailler, ça me ne me prendra que quelques minutes… Tiens, regarde si celui-là te va.

Jehny lança doucement un des bâtons en direction de l’archère avant d’aller s’asseoir à ses côtés pour commencer à tailler la pointe pour transformer cette vulgaire branche tombée de son arbre en semblant de lance.

-Mon père m’avait montré comment faire quand j’étais enfant, que je puisse un jour me débrouiller toute seule dans la nature, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de le faire depuis. Ce pourrait être amusant !

Et l’aspect nourriture était très attrayant, il ne fallait pas l’oublier. En même temps, c’était un peu la raison principale de ses actions…

La pointe étant dans un état satisfaisant, la brune échangea avec le bâton de Merry pour lui faire subir le même sort. Comme elle l’avait indiqué, cela ne prit que quelques minutes. Jehny se leva et posa sa pierre près des bouts de bois qui attendaient toujours de prendre feu.

-Je crois que ça va comme ça. On essaie ?

La jeune femme revenue, elle s'empressa de la rejoindre. Rapidement elle s'installait et Jehny commençait à tailler les bouts de bois pour leur donner une chance se servir de lance l'espace de quelques coups avant de s'arrondir ou de se briser.

Merry imaginait déjà le feu avec une bonne petite broche de poissons pendant juste au dessus. Il faudrait ne pas trop les faire cuir. L'odeur elle risquait peut être d'attirer des animaux sauvages non ? Elle avait vraiment trop faim et elle repoussa idiotement cette hypothèse, sa collègue y avait forcément pensée.
Pendant ces quelques minutes, l'archère observa sa collègue à l'ouvrage. Préciser que c'était la première fois qu'elle le faisait n'était pas forcément une bonne idée. L'espace de quelques secondes, Merry voulu rire en rappelant une chose à sa collègue, elle savait très bien tailler des bouts de bois, en faire de véritables flèches même. Avait elle oubliée la discipline de la blonde ?

Une fois qu'elle eu finie, c'est d'un oeil avisé que Merry regardait la pointe qu'on lui tendait. Ce n'était pas parfait, le bois non plus n'était pas parfait mais dans de telles circonstances cela serait suffisant. Il fallait que le bois ne soit pas trop spongieux sinon deux trois coups et les lances ne serviraient plus à rien.

- Ce sera amusant oui. Je pense que l'on peut y aller. Nous allumerons le feu au retour. Histoire de garder un peu de discrétion. Viens donc jeune tailleuse.

Merry se détendait en ce début de soirée, il faisait encore assez jour pour pêcher mais la nuit arriverait d'ici une bonne heure et demie. Ce petit bivouac était parfait et depuis un moment, qu'est ce qu'elle était heureuse de se trouver ici accompagnée. La route depuis Haut-le-Fort avait été longue mais vraiiiment longue avec pour seul compagnie le bruit de ses pas sur le sol et ses chants païens qui raisonnaient sur les murs des villages abandonnés qu'elle avait traversée.

Arrivées au bord de l'eau, Merry posa le bâton et toucha du bout des doigts l'eau. Elle était... Elle était vraiment fraîche. Reprenant le bâton, ce coup ci elle chercha à définir la profondeur de la rivière. Mmmh..

- L'eau monte jusqu'aux genoux Jehny.

Pendant deux minutes, Merry ne voulait pas aller dans l'eau et elle tenta de repérer un poisson depuis la rive mais... rien à faire, il fallait attention... se jeter à l'eau. Retroussant le bas de son pantalon, elle se retrouvait ridicule à présent, celui ci ne remontait pas plus haut que le tibia. Il était trop serré après pour être replier. Sans gêne et sans un regard pour sa comparse elle s'en débarrassa avant de rentrer péniblement dans l'eau et de se retourner vers Jehny avec une voix grelotante et hésitante à cause du froid.

- A..a.. aller vient, sinon je sors et... jt'a..attrape !

La jeune femme se contorsionnait dans tous les sens le temps que ses pieds arrêtent de geler et de lui faire mal. Elle sentait la vase et des petits cailloux inoffensifs au fond de l'eau mais elle restait prudente... l'eau et elle ne faisait pas bon ménage.

» Flashback | Au clair de la lune [Donovan Ravenclaw et Aliénor Emmëlire]
» Aussi belle et cruelle que la mort. La lune.