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 La justice vaut mieux que l'adoration

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Aerdris Daedran
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Aerdris Daedran

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MessageSujet: La justice vaut mieux que l'adoration   La justice vaut mieux que l'adoration EmptyVen 9 Oct - 13:59



Enfin, le mot pénétrait l’esprit d’Aerdris avec une force que seule une vérité absolue pouvait délivrer. Cela faisait plusieurs jours, qui semblèrent éternels tant le temps et la route furent intraitables avec le solitaire voyageur. Les orages, les marais débordant et la faune rendue frénétique par le mauvais temps furent un véritable défi à la survie, une expérience particulièrement difficile, mais au final extrêmement intéressante, devant tant de défis, rien n’y fit, l’impérial ne douta jamais, ne céda au désespoir à aucun moment.

Mais l’épreuve était enfin terminée, les terres fertiles et forestières de Haut Le Fort étaient à présent atteintes et, comme si le destin lui-même félicitait la survie, le ciel se dégagea, libérant un soleil et un vent d’une douceur qui balayèrent toutes faiblesses chez le soldat éreinté quelques secondes auparavant. Alors qu’il ne désirait rien d’autre que de se coucher là à même l’herbe grasse et agréable, Aerdris aperçut au dernier moment une fumée jaillissant d’entre les arbres.

Une demeure et, vraisemblablement, un lit, une chose dont rêvait depuis plusieurs jours le soldat qui était encore taché sur tous ces vêtements par de la boue et du sang. Harassé, mais motivé, l’impérial reprit sa marche, et s’il ressentait chaque pas comme une épreuve plus terrible l’une que l’autre, il n’en montra aucun signe. Le temps sembla infini, mais Aerdris atteignit enfin la chaumière, qui se révéla, au comble du bonheur pour le voyageur, une taverne.

La douce odeur d’un bon goulasch emplissait l’air, et fit réapparaitre une faiblesse que le soldat semblait avoir oublié depuis une éternité, une faim violente vint frapper l’homme qui manqua de s’effondrer. Se laissant quelques instants pour reprendre ses forces, l’impérial reprit enfin sa marche et se présenta après quelques minutes devant la porte de la bâtisse, qui se révéla bien plus grande que ce qu’avait imaginé le soldat. Le serpent blanc aperçut alors l'immense lac qui se trouvait juste en face de l'auberge, le plus grand que l'impérial avait jamais vu.

Une petite île surgissait plus loin, elle semblait flotter dans le ciel tant l'eau reflétait le bleu du ciel. Tout semblait irréaliste, comme le domaine d'un Dieu survolant le territoire des hommes. La beauté du paysage laissa quelques instants Aerdris incapable de faire le moindre pas de plus. Mais ce qui renforçait encore plus cette impression était ce manoir immense qui prônait sur l'ile, pareille à la maison qu'un Dieu pourrait mériter. Tout l'ironie cruelle était renforcée par l'état de la bâtisse, une véritable ruine rappel cruel du monde moderne.

L'impérial fut rappelé à lui alors que des rires fusèrent depuis l'auberge, indiquant la présence d’une bonne dizaine de personnes. Aerdris se savait incapable de survivre à un quelconque combat à ce moment précis mais n’avait d’autres  choix que de pénétrer en ce lieu s’il désirait survivre. Prenant une démarche qui masquait maladroitement sa faiblesse, l’homme pénétra dans l’auberge un large sourire au visage.

Le lieu était d’une douceur qui fascina l’homme  et qui le laissa pantois quelques instants, heureusement les locaux ne semblèrent pas remarquer l’individu qui restait planté comme un idiot dans l’entrée. Soudain, une chanson commença à résonner dans le bâtiment, une voix douce et d’une féminité parfaite jouait un chant à la fois triste et débordant d’un amour. Elle provenait d'une femme blonde en tenue traditionnelle de sa fonction de barde, qui se trouvait sur une estrade artificielle. Assise, et uniquement soutenue par son instrument. Frappé par la beauté de l’œuvre, Aerdris s’assit à la première chaise disponible et ferma les yeux, oubliant faim et faiblesses, il fut happé totalement par le chant.

Alors que la musique continuait, le soldat rouvrit les yeux et balaya du regard la pièce, des chasseurs et des trappeurs étaient assis et scrutaient avec un silence religieux la barde, fort jolie, qui chantait. Mais ce ne fut nullement la troupe qui bloqua le regard de l’homme, une femme se trouvait dans le fond de la pièce, d’une beauté renversante, tout chez elle la rendait unique, une chevelure en cascade d’un rose d’une pureté absolue, des yeux bleues digne des plus belles descriptions qu’eut pu en faire, et une allure princière capable de ridiculiser les princesses des mythes et légendes.

Pourtant, non sans un conflit interne particulièrement violent, le soldat parvint à détacher son regard de la nymphe qui irradiait d’une joie de vivre telle qu’elle en devenait douloureuse pour l’impérial. La noblesse et la beauté resplendissait par trop chez cette femme pour qu’Aerdris puisse y plonger son regard sans se brûler. Lui l’homme du froid, l’argenté abandonné par ses parents, il n’était qu’un reflet chaotique de la splendeur chaleureuse de la jeune femme. Son cœur brûla fugacement de haine envers le destin qui l’avait bâti ainsi, mais rapidement l’impérial se reprit et fut à nouveau absorbé par la chanson qui parvenait à son terme.

Une fois terminée, la barde laissa les notes continuer quelques instants afin de ne pas rompre brutalement l’enchantement qu’elle semblait avoir lancé. Aussitôt la faim et la fatigue envahirent à nouveau les sens du voyageur éreinté, heureusement pour lui, l’aubergiste avait aussi cessé d’écouter la barde et reprenait son service. Boueux, et fatigué, Aerdris ressentit une grande honte qu’il n’avait connu auparavant, il remarqua son apparence qui lui donnait l’apparence d’un ermite, s’il n’y avait pas eu son armure et sa tenue d’une qualité certaine, il ne fut pas sûr que l’aubergiste ait accepté de le servir.

« Monsieur, nous avons une baignoire ici. L’accès y est offert si l’on prend une chambre. Nous pouvons aussi nous occuper du lavage de vos vêtements, contre une modique somme. »

Aerdris eut un sourire et un grand désir de rire, mais se contint, revenir dans la civilisation était toujours plaisant.

« Je prendrais une chambre et le lavage. J’aimerais aussi un repas chaud, une bonne portion de goulasch, et une bière ambrée. » Puis de manière plus confidentielle « Qui est cette femme, au bout de la pièce ? »

L’auvergiste n’eut même pas besoin d’un regard pour savoir de qui parlait l’inconnu. Un large sourire emplit son visage, faisant vibrer son double menton. Sa voix était joyeuse et admirative.

« C’est la princesse. Elle est la digne fille d’Arthur, elle va rebâtir le royaume comme avant l’empire. » Puis en voyant le regard mystérieux de son interlocuteur, s’empressa de rajouter. « La princesse Thémis. Elle dirige Haut Le Fort, la forteresse, mais bientôt aussi tout le pays. »

La nouvelle était étonnante, que faisait donc ici une telle princesse en ce lieu, et surtout pourquoi alors qu’elle représentait tout ce qu’Aerdris méprisait, n’arrivait-il pas à la détester. Comprenant qu’il n’aurait aucune réponse, l’aubergiste s’en alla non sans baragouiner sur la victoire assurée de sa princesse. L’impérial lui se reprit à scruter la jeune princesse qui semblait en pleine discussion avec un soldat, sûrement son escorte.

Sortant son large sac en toile, Aerdris entreprit de se dévêtir, enlevant pièce par pièce son armure pour ranger les éléments dans son sac. Lorsqu’il retira ses genouillères et ses brassières, de l’eau s’en écoula lui arrachant un petit rire discret. Une fois débarrassé de son encombrante protection, le soldat tenta vainement d’ôter la boue de sa tenue traditionnelle. Pieds nues, et taché de boue, Aerdris n’était pas fière de sa présentation, mais il avait quelque chose à faire aussi se motiva-t-il.
Parvenant devant la princesse dénommée Thémis, le serpent blanc prit son courage à deux mains et réussit à ne pas se figer devant la beauté qui resplendissait d’autant plus qu’il se rapprochait. Une fois assuré que la jeune femme eut remarqué sa présence, l’impérial réalisa une chose qu’il n’avait pas fait depuis maints années.

« Princesse. » S’exclama-t-il tout en réalisant une fort gracieuse courbette. « Je suis pitoyablement vêtu, sale et éreinté par un voyage qui ne fut que chaos. J’ai connu la faim et le froid, j’ai frôlé la mort en de multiples occasions. » Encore baissé, Aerdris ne pouvait voir le visage de la princesse, aussi ne connaissait-il pas ses pensées. « J’ai traversé tout cela dans le seul but de rencontrer, celle qu’on me décrit comme la dirigeante de ces terres. J’ai souffert de tant d’épreuves pour connaître votre visage, votre courage. Pourtant maintenant que je suis en votre présence, je sais que tout n’était que mensonge. » Léger silence. « Vous êtes bien au-delà de ce que tout barde pourrait décrire, de ce que les paysans pourraient rêver. Je n’ai plus aucuns doutes que vous êtes celle par qui le renouveau proviendra. »

Posant un genou au sol, Aerdris ne releva toujours pas la tête.

« Princesse, laissez-moi l’honneur de pouvoir entendre par vos mots, les désirs et le destin que vous bâtissez pour un peuple qui n’a besoin de rien de plus que d’espoir. Laissez-moi le plaisir d’entendre votre voix et pardonnez-moi cette ridicule présentation. Je suis Aerdris Daedran, mercenaire et ancien soldat de l’Empire. »

Tout cela était exagéré, mais les nobles avaient tendance à aimer les manières sophistiquées, et une princesse aussi gracieuse devait être un modèle de sophistication, et puis cela atténuerait peut être le ridicule de la tenue boueuse. Au final tout cela n’était qu’un teste que lançait le mercenaire et la réponse n’allait pas tarder à tomber.

Mais alors qu'il désirait relever la tête, une lumière attira son regard. Une fenêtre se trouvait juste à sa droite, elle donnait une vue sublime directement sur le lac. Le manoir en ruine semblait cadré spécialement avec l'ouverture, comme un tableau, donnant un aspect encore plus unique à la scène qui se déroulait alors.
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Thémis Delfort

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MessageSujet: Re: La justice vaut mieux que l'adoration   La justice vaut mieux que l'adoration EmptyDim 11 Oct - 2:07






La justice vaut mieux que l'adoration
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Thémis Delfort
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" Être ou ne pas être "

Le monde entier est un théâtre, et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ; ils ont leurs entrées et leurs sorties. Un homme, dans le cours de sa vie, joue différents rôles; et les actes de la pièce sont les sept âges. Dans le premier, c’est l’enfant, vagissant et régurgitant dans les bras de sa nourrice. Ensuite l’écolier, toujours en pleurs, avec son frais visage du matin et son cartable, se traînant, comme le limaçon, à contre-cœur jusqu’à l’école. Puis vient l’amoureux, qui soupire comme une fournaise et chante une ballade plaintive qu’il a adressée au sourcil de sa maîtresse. Puis le soldat, prodigue de jurements étranges et barbu comme le léopard, jaloux sur le point d’honneur, emporté, toujours prêt à se quereller, cherchant la renommée, cette bulle de savon, jusque dans la bouche du canon. Après lui, vient le bourgeois au ventre arrondi, garni d’un bon chapon, l’œil sévère, la barbe taillée d’une forme grave; il abonde en vieilles sentences, en maximes triviales; et c’est ainsi qu’il joue son rôle. Le sixième âge offre un maigre manteau de fourrure, avec des lunettes sur le nez et une poche de côté : les chausses bien conservées de sa jeunesse se trouvent maintenant beaucoup trop larges pour son mollet ratatiné; sa voix, jadis forte et mâle, revient au fausset de l’enfance, et ne fait plus que siffler d’un ton aigre et grêle. Enfin le septième et dernier âge vient clore cette histoire pleine d’étranges événements; c’est la seconde enfance, état d’oubli profond où l’homme se retrouve sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien.

Lasse d'une vie si peu trépignante, la princesse regardait par la fenêtre de l'auberge cette maison qui tombait en décrépitude. Elle soupira, se remémorant les mondanités qui avaient pu se produire dans ce manoir et le bien-être que pouvait prodiguer cet îlot de tranquillité en plein milieu du lac. La bâtisse avait été abandonnée après que l'armée royale ait été vaincue, c'était en tout cas ce que lui avait raconté ce vieux tenancier.  Pourquoi les hommes étaient si peu enclin à s'offrir à autrui ? La vie n'était-elle qu'une confrontation d'intérêts personnels et ne pouvait-on pas y voir d'intérêt supérieur, transcendant toutes les futilités et destiné à servir le bien collectif ? Thémis avait perdu espoir dès le premier jour. Toute théorie, aussi bonne soit-elle, ne restait qu'illusion et la réalité qui se cachait derrière les murs de ces cages dorées était l'image même des vicissitudes de l'être humain. Voler, tuer ou encore haïr, c'était tout ce qu'elle avait pu voir en sortant découvrir le monde qui l'entourait. Le soldat tuait, le bourgeois volait les honnêtes gens, l'amoureux finissait toujours par tromper sa femme, le vieillard succombait à la maladie et l'on venait pisser sur les tombes des défunts. Sa joie d'antan avait laissé place à de profondes réflexions, notamment sur la condition de l'être humain ou encore sur le devenir de ces terres, jadis des chevaliers avaient fondé un royaume basé sur des idéaux de justice et de noblesse, mais désormais les bandits faisaient la loi et la veuve et l'orphelin rendaient leur dernier souffle sous les lames affûtées de vauriens.

Toujours plongée dans ses pensées, son regard fixait au loin la vieille demeure et son oreille était sourde aux supplications de ce piètre soldat qui voulait partager sa couche pour mieux la protéger. Elle finit par se levait avec la grâce qui caractérisait les personnes de son rang et se retrouva nez à nez avec un homme qui venait sans le moindre doute de prendre sa première douche depuis une éternité. La princesse le détailla rapidement, si aux premiers abords il semblait robuste et en bonne santé, le mercenaire portait sur lui des blessures de guerre qui n'avaient pas encore guéri. Hélas, avant même qu'elle n'ait pu s'esquiver d'une rencontre désobligeante, l'homme d'arme l'accosta et lui fit une tirade digne des meilleures pièces de théâtre, à la suite de quoi il se mit à genoux et lui prêta serment de fidélité. D'une timidité presque maladive, la jeune fille vira au rouge et ce geste chevaleresque balaya d'une traite toutes les pensées négatives de la princesse qui ne pouvait pas s'empêcher de penser à tous ces yeux qui les épiaient.

Thémis Non non, voyons relevez-vous... Vous n'avez pas à faire preuve d'autant de politesse, je ne suis que la princesse d'un château en ruine et la dirigeante, ou plutôt la non dirigeante, d'un royaume sans force armée. Et puis.. Et puis..

Thémis détourna le regard et ne put faire abstraction de tous ces ivrognes qui la reluquaient. Elle ne pouvait pas non plus ignorer ces grognements ou ces jurons après que ce mercenaire ait eu le malheur de se présenter comme l'un des assaillants qui avait mis à feu et à sang ces terres désolées. La princesse se mordit les lèvres et fila à l'extérieur de l'auberge, tirant le mercenaire par l'une des manches de sa tunique dans l'espoir d'y trouver davantage d'intimité.

Thémis Il n'est pas très malin de dire que vous êtes originaire de l'empire alors que votre patrie est à l'origine de nombreux malheurs dans la région. Outre cela, vous êtes blessé donc laissez moi vous soigner avant toute chose. En échange, j'aimerai que vous preniez cette barque et que vous m'ameniez dans cette maison au milieu du lac. Là-bas, je répondrai à vos questions, mais pas avant.

La fillette à la vive chevelure entreprit d'emblée les premiers soins et concentra sa magie dans les plaies du jeune homme. Si elle s'était empressée de soigner le garçon, c'était sans aucun doute pour ne pas avoir à affronter son regard et oublier tous ces jolis compliments qu'il avait pu proférer à son encontre : qu'il était loin le temps où les petits garçons lui courraient après et se battaient pour la demander en mariage.  
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Aerdris Daedran
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MessageSujet: Re: La justice vaut mieux que l'adoration   La justice vaut mieux que l'adoration EmptyDim 11 Oct - 15:43

La princesse Thémis Delfort, si tel devait bien être son nom, ne tarda guère à réagir, alors même qu’Aerdris relevait enfin la tête. Découvrant une jeune femme d’une rougeur impressionnante, d'une timidité en vérité extrêmement touchante, l'impérial en fut troublé. Mais la princesse ne fit pas attention aux expressions de son interlocuteur et prit enfin la parole, rompant un monologue qui aurait devenir gênant s’il s’était prolongé plus avant.

Non non, voyons relevez-vous... Vous n'avez pas à faire preuve d'autant de politesse, je ne suis que la princesse d'un château en ruine et la dirigeante, ou plutôt la non dirigeante, d'un royaume sans force armée. Et puis... Et puis

La réponse était sincèrement craquante, mais aussi dérangeante alors qu’elle provenait d’une femme se proclamant capable de rebâtir une nation. Aussi l’idée que la jeune femme ne soit qu’un pantin sous les ficelles d’un groupuscule quelconque, effleura rapidement l’esprit méfiant du soldat.

Toutefois l’idée n’eut pas le temps de germer dans l'esprit de soldat que la dénommée Thémis attrapa Aerdris par la manche. Tirant un soldat aussi surpris qu'heureux la jeune femme semblait tout à coup nettement plus forte, comme si elle dévoilait une part cachée de sa personnalité. Ou simplement naïve, l’homme pouvait en effet être un quelconque assassin ou maraudeur.

Emportant un homme partagé entre la joie d’être au contact d’une si belle femme, et surpris de ses réactions, la princesse quitta précipitamment l’auberge. Alors qu'il était toujours pieds nues, et vêtu simplement d'une tenue sale, le serpent blanc se sentait étrangement euphorique, sûrement un contre coup de la solitude et de la dureté de la survie dans les marais lors du voyage.

Il n'est pas très malin de dire que vous êtes originaire de l'empire alors que votre patrie est à l'origine de nombreux malheurs dans la région. Outre cela, vous êtes blessé donc laissez-moi vous soigner avant toute chose. En échange, j'aimerai que vous preniez cette barque et que vous m'ameniez dans cette maison au milieu du lac. Là-bas, je répondrai à vos questions, mais pas avant.

Tout à coup la princesse semblait devenir une toute autre personne. Surmontant ce qui semblait être une simple timidité, elle se révélait plus censée et intéressante que présagé le préjugé de la princesse n'ayant connu que richesse et laxisme. Pourtant ce côté plus sérieux n’était aucunement pour déplaire au soldat qui ne pouvait qu’admirer une femme aussi courageuse. En effet, il n’était guère évident de se faire entendre dans un monde gouverné par les hommes et si Thémis était ainsi capable de fédérer seule alors elle ne pouvait qu’être infiniment compétente. Si toutefois ce courage se révélait réel. 

Soudain, et sans prévenir, la jeune femme lança un sort, du moins c'est ce que cru comprendre Aerdris malgré qu'il ne s’y connaisse pas le moins du monde, aussi ne put-il juger de la qualité ou de la force de cette magie. Gardant le silence le temps que dure ces soins plus que bienvenues, l’impérial vis ses plaies, dont le soldat n’avait aucun souvenir, se refermer. Sa fatigue le quitta alors progressivement tandis que ses muscles étaient soulagés de la raideur les affligeants. Rapidement un bien être surprenant remplaça la fatigue et la tension.

« Je ne suis pas ce genre d’homme, princesse. Si la sagesse provient de la posture, alors je suis un fou, ma patrie n’est à l’origine de nuls maux, seulement la folie des hommes. Si je dois être jugé par ma simple fidélité, par ma volonté d’agir, même si ce doit être à l’encontre des idéaux conservateurs dirigeants ce monde, alors soit mais je ne cacherais nullement ce que je suis. »

Un large sourire éclaira le visage du soldat pâle.

« Et puis il n’est guère compliqué de comprendre qui je suis. Tout en moi trahit mon existence, par ma couleur de peau, ma chevelure, ma tenue, mon armure, il n’est pas en me proclamant étranger que je gagnerais la confiance de ceux qui importent. »

D’un geste vif, Aerdris attrapa la main de la princesse et y déposa un baiser d’une grande tendresse.

« Tout comme votre apparence trahit ce que vous êtes. Mais n’y pensons plus, seul m’importe l’avenir. »

Une fois assuré que le sort de soin fut terminé, l’impérial s’éloigna quelque peu et regarda en direction de la barque indiquée par la princesse. Cette dernière n’était pas particulièrement bien entretenue, et flottait au gré des remous le long d’un petit ponton, une simple corde servait à retenir le radeau aussi emprunter la barque ne serait en rien un problème.

« Je vais vous mener vers ce manoir, princesse. »

Et Aerdris attrapa à son tour la jeune femme pour la mener vers la barque sans attendre de réponse, ni en autoriser une. Au final l’impérial agissait toujours ainsi lorsqu’une chose était décidée, en effet il n'y avait nul besoin de tergiverser plus avant. Le duo atteignit rapidement le ponton, et l’impérial lâcha enfin le bras de la princesse, Posant un pied dans la barque, le serpent blanc se tourna à nouveau vers la jeune femme et lui tendit la main.

« Laissez-moi vous aider. » Avec un large sourire, et un regard fixant celui de son interlocutrice, Aerdris donnait l'impression d'une assurance absolu. En vérité le soldat craqua lorsque la rougeur excessive reprit corps chez la princesse, en effet la jeunesse et la beauté de Thémis étaient étrangement dévastatrices pour l'esprit du solitaire soldat impérial. Qui réussit toutefois à garder son calme lorsque la main, douce et fine, de la jeune femme attrapa la sienne.

Bien que conscient du malaise qui s'installait, Aerdris laissa le temps à la femme de reprendre son calme et entreprit de s'occuper en détachant la barque. Il ne fallut qu'une simple poussée pour projeter la barque dans la bonne direction, laissant alors le temps au serpent blanc pour bien se positionner avec les rames. Une fois habitué à son équipement, le rameur prit peu à peu un rythme régulier, donnant à la barque une vitesse de croisière acceptable. Toutefois la traversée durerait un bon quart d'heure aussi le soldat à la chevelure d'argent décida-t-il de mettre fin au silence qui régnait.

« Ainsi vous êtes la fille du roi Arthur. Est-ce pour cela que vous désirez tant régner sur ces terres ? Par une succession logique et filiale ? Que répondrez-vous à ceux qui n’aimaient pas le règne de votre père ? A ceux qui préféraient l’Empire ? » Les questions fusaient alors même que l’homme fixait le regard de la princesse.

« Je sais que vous m’aviez promis la réponse à mes questions une fois que nous serons sur l’île. Mais Mon esprit bouillonne, ma curiosité s’impose sans que je puisse la contrecarrer, et puis cela peut nous occuper le temps du voyage sans avoir à se fixer simplement. » Puis d’une voix plus confidentielle, même s’ils étaient totalement seuls. « Non que simplement vous regarder me déplaise, mais il doit bien avoir assez de jeunes coqs qui vous font la cour. »

Avec plaisir, le soldat jonglait entre discussions sérieuses et plus taquines, afin de tester la volonté et le sérieux de la princesse. S’il désirait apprendre réellement quelque chose alors il fallait sortir la jeune femme de sa zone de confort. Et pour cela sa timidité apparente était un angle particulièrement intéressant.
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Aerdris Daedran
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MessageSujet: Re: La justice vaut mieux que l'adoration   La justice vaut mieux que l'adoration EmptyJeu 7 Jan - 11:23

Toutefois, et à la plus grande consternation d'Aerdris, tout voyage trouvait toujours son terme, et celui-ci ne fit pas exception. Aussi la discussion cessa net lorsque la barque toucha terre, heureusement le bateau avait une vitesse suffisante pour s'enfoncer de quelques pieds dans le sable blanc de l'îlot, permettant aux deux voyageurs de descendre sans souffrir outre mesure des balancements du lac.

Tout comme l'allée, le serpent blanc se portant immédiatement volontaire pour aider la princesse à quitter la barque pour rejoindre la terre ferme. Mais cette fois, le mercenaire se fit encore bravache, et alla même à porter Thémis pour s'assurer qu'elle n'abîme ses chaussures en les plongeant dans l'eau. Néanmoins, Aerdris n'abusa pas outre mesure de la patience de la jeune femme, et la déposa au sol dès qu'ils eurent dépassé la zone mouillée.

Ils venaient enfin d'arriver à la destination qu'ils s'étaient fixés, et l'heure des réponses s'approchait à grand pas. Toutefois, il restait encore à pénétrer au sein du manoir en ruine, qui n'inspirait aucunement l'instinct du serpent blanc. En effet, les ruines semblaient totalement abandonnées par ses maîtres humains, ce qui impliquait la possibilité d'être devenu la demeure d'un animal potentiellement dangereux, ou plus terre à terre, capable de s'effondrer à tout moment. Il allait falloir une attention de tous les instants.

Aussi, Aerdris se retourna-t-il vers Thémis, il était hors de question qu'il laissa le moindre mal lui arriver. Mais la princesse semblait ne plus porter la moindre attention à celui qui l'avait porté jusqu'ici, en effet elle était déjà en marche pour pénétrer dans le manoir, sûrement un domaine familial emplit de souvenirs heureux, à moins que ce ne fut tout autre chose. La soudaine vigueur aventurière de la princesse surprit totalement le serpent blanc, qui mit quelques secondes à réagir.

Ainsi, Thémis avait déjà atteint la porte de l'immense demeure avant même qu'Aerdris eut placé le moindre pas, et la jeune femme enjamba les restes écroulés de l'ouverture alors même que le mercenaire ashenvan bondissait pour rejoindre sa protégée. Dans un sens, tout ceci réconfortait étrangement le guerrier, Thémis n'était pas une jeune femme complètement contrôlable, son caractère pouvait lui permettre d'agir par elle même, ce qui plaisait déjà beaucoup plus à un Aerdris encore énervé par le pouvoir que cette jeune femme avait sur lui.

Heureusement, les ruines se s'effondrèrent nullement sur la téméraire visiteuse, pas plus que sur un serpent blanc étonnement inquiet. Malgré cela, Aerdris n'en fut pas plus réconforté, et se dépêcha de rejoindre, sans un mot, une Thémis qui semblait fort mélancolique. Les souvenirs devaient affluer, aussi le serpent blanc laissa la princesse profiter en toute quiétude de ses pensées. De son côté, le mercenaire en profita pour rechercher la moindre trace de menace, mais rien ne vint troubler cette communion spirituelle, hormis le passage du temps, qui amena avec lui le noir absolu de la nuit, seulement percé par une sublime pleine lune.

Par un cheminement, dont Aerdris jurerait n'avoir aucun souvenir, le duo se retrouva soudain au dernier étage de la bâtisse, dans une chambre indéniablement destinée à un enfant. Le toit s'était effondrait sur toute cette portion du manoir, laissant entrevoir une superbe vue sur le lac, et le non moins magnifique reflet argenté de la Lune sur sa surface.

"Princesse. Je sais quels effets ont les souvenirs, et quelle puissante drogues ils peuvent devenir, mais ne laissez point tout ceci vous aveugler à la seule chose qui importe encore dans cette période troublée, l'avenir." En vérité, Aerdris avait bien du mal à déranger les pensées de la jeune femme qui lui tournait le dos. "Je vous ai porté ici, pour une raison. Car j'entrevois justement une lumière pour cet avenir, et je pense que c'est avec vous que nous parviendrons à la faire briller.

J'ai parcourut ces terres dans tous les sens, j'ai vendu ma lame à nombre de barons et seigneurs de guerre, et peu peuvent prétendre à autre chose que la pire bassesse. Toutefois j'ai eu le bonheur de trouver deux personnes capables de bâtir un avenir à ces terres rougies du sang de son peuple, et vous êtes l'une de ces personnes."

Alors pour la seconde fois, le serpent blanc tomba à genoux devant Thémis.

"Princesse. Devenez reine." Aerdris dégaina alors son katana et déposa la lame sur ses deux paumes. "Je suis né dans la fange, j'ai connu la faim, l'illétrisme, et je ne dois mon savoir uniquement à la pitié d'un noble fou. J'ai vendu mon corps et mon esprit à une cause qui n'en était pas digne, j'ai fondé mon propre ordre.

Mais rien de tout cela n'équivaut à ce que je pourrais bâtir à vos côtés. Laissez moi devenir la lame qui protégera votre vie, laissez moi devenir celui qui punira vos ennemis. Devenez ma reine."

Et le serpent blanc leva sa lame, baissa la tête, et attendit ainsi, immobile et soudain dépourvu de tous doutes et hésitations. Aerdris avait décidé de l'avenir qu'il désirait bâtir, et pour une fois, cela ne dépendait plus de lui mais d'une tout autre personne. Et pour une fois, l'ashenvan n'avait jamais ressentit autant d'assurance qu'il était sur le bon chemin.
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