Survivre [ Mitsuoka ]

La vapeur chaude entrant en contact avec cette température glaciale, je marche à travers cet amas de neige. Si je rencontre un guerrier sur ce terrain, je ne vais pas survivre longtemps. La neige m'empêche d'user de toute mon agilité et ma motricité physique plutôt impressionnante. Sur la route, j'avais tué un loup afin de pouvoir me faire un manteau en fourrure. C'est vrai que ce n'est pas bien de tuer des animaux, moi j'en ai rien à battre, j'ai froid et puis c'est tout. Les Montagnes enneigées de Ashenwall sont un endroit dangereux, la température est le principal problème de cette zone. On ne peut pas vraiment y vivre, le manque de terre fertile et l'absence de rayon chaleureux ne permettent pas d'y vivre longtemps.

Je suis venu sur ce royaume, afin de m'améliorer au lancée de couteaux. Le gibier est omniprésent, c'est un parfait terrain pour chasser et s'entrainer à l'arc, l'arbalète ou d'autres projectiles. Voilà le réel objectif de ma venue sur ce territoire glaciale. Avant tout, je me devais de trouver une grotte afin d'être protéger des tempêtes de neiges et de trouver de quoi manger trois quatre jours.

Avant de m'aventurer dans ses montagnes, j'avais tué un pauvre voyageur sans défense. Pauvre de moi, j'ai fauté et tué un innocent. Vous auriez du voir son sac à dos, du bois, une belle gourde. Il y avait tout pour mon aventure. J'en suis désolé mais je lui avais ouvert le ventre avec l'une de mes lames. Je restais propre et nettoyait ma lame dans son manteau en lapin. Un bel équipement pour un beau bouffon rouge.

Une petit pause avant de continuer ma marche, mon regard s'élève vers le ciel quelques secondes, un petit moment de déconcentration. Je suis ce genre de con qui aime s'arrêter et stopper son regard sur quelque chose d'inutile. Ce flocon qui descend lentement du ciel pour se déposer sur ces confrères. Il commence à neiger mais ce n'est pas mon seul problème. Alerté par mon ouïe, je reviens sur terre et mon regard se retourne rapidement. Un ours. Il est plutôt enragé le petit. La bave dégoulinant de sa gueule béante, j'ai de la chance pour cette fois. Il n'a pas l'air d'être adulte mais ça ne va pas être une partie plaisir. Il est à une dizaine de mètre. La lame sort de ma manche grâce à un système mécanique, je l'attrape et le lance en visant le visage de l'ours. Je veux lui percer un de ces yeux et la cible a été touché. Il a esquivé au dernier moment, la lame est planté dans sa joue, ne lui provoquant aucun rictus. Il est solide le gosse. Rapidement, j'utilise mon système mécanique afin de sortir une lame dans chaque manche. La bête saute en ma direction, prête à engloutir ma chair saignante et fraiche.

Je me retrouve sous un ours, mes deux lames plantés dans son cou et je ne peux pas même bouger mon orteil. Une situation délicate. La tombée de neige est plus puissante et rapide, la venue d'une tempête ne m'enchante guère.

« Et merde ... »

La fin ou la fin. Comment finir sa vie en une leçon et trente seconde. J'étais bien dans mon hôpital psychiatrique.

Shin s'était retrouvé finalement dans les montagnes à chasser les bêtes qui y habitaient. Bien qu'il n'y avait pas grand-chose à cette époque de l'année, les loups, renards et lapin foisonnaient et bien sûr quelques ours qui recherchaient le maximum de pitance avant d'aller hiberner. Un contrat avait été lancé dans le proche village pour récolter un peu de nourriture et de quoi survivre à l'hiver qui s'annonçait particulièrement rude. Et pour le jeune chasseur, un peu d'argent n'était pas de trop pour commencer à mettre son projet en route.

Marchant lentement dans la neige pour faire un minimum de bruit, le vent soufflant sur son visage lui glaçait les narines. Mais heureusement pour lui, il a vécu dans la région assez longtemps pour s'habituer à ses températures relativement basses et à cette neige pour survivre et se déplacer. Se déplaçant sur la poudreuse, il était aux aguets, arc en main et flèche armée, il cherchait une petite cible pour rentrer avec au moins quelque chose pour avoir une petite pièce. Mais depuis le début de la journée, rien n'avait traversé la vue de Shin.

Ce n'était qu'en fin d'après midi que des traces d'une créature se fit remarquer dans la neige. Ses empreintes étaient relativement petites, sûrement un jeune ours qui suivait une proie. Elle n'allait que dans une direction et il n'effectuait pas d'arrêt contre des arbres ou autres. Tout laissait à croire que le chasseur allait être chassé.

Shin suivit les marques pendant une bonne heure avant d'entendre un grognement à quelques mètres de lui. L'ours avait trouvé sa proie et était s'en doute en train de l'attaquer. L'arc en main et prêt à décocher, le jeune homme s'avança rapidement sur lui. Arrivé à une dizaine de mettre, il put voir la bête allongée sur le sol. Celle-ci respirait encore, mais Shin remarqua une chaussure sortir des poils du monstre. Sans tarder, il retint sa respiration une fraction de seconde le temps de tirer entre l'omoplate de l'ours, en pleine vertèbre. Une flèche qui atteignit d'une précision chirurgicale sa cible, pile entre la sixième et septième des cervicales, ce qui finit de le tuer.

Shin s'approcha rapidement du cadavre encore chaud pour le soulever et libérer l'homme en dessous. Après quelques efforts, il réussit à le dégager et à sortir individu du poids qui devait l'étouffer.

En tendant la main pour aider à relever l'homme, Shin remarquait un visage aussi moche que l'ours et encore, c'était plus une insulte pour l'animal que pour le mec. Une odeur de mort émanait de lui, enfin surtout de sa peau de loup qui se trouvait sur ses épaules.

Mec, si tu gardes ce truc sur tes épaules sans la laver avant, ça ne sera pas le seul animal qui va t'attaquer dans ses montagnes.Lui disait Shin sur un ton humoristique.

Bref, suit moi, il y a une grotte pas loin et une tempête de neige arrive. On a environ dix minutes avant de ne plus rien voir.

Shin se mit en route en direction de la caverne dont il avait parlé. Sur le chemin, il interrogea l'homme. Comment s'appelait-il ? Que faisait-il ici ? Et ou allait-il comme ça ?

Le sang de l'animal agonisant dégouliné lentement sur mon visage, pourrir comme ça n'est pas mon objectif mais faut dire que cet ourson a été bien nourris. Sa bave tombant par paquet sur mon bonnet surmonté d'oreilles d'âne noir et rouge, la bête respire encore, elle est résistante mais elle ne va pas tenir avec deux lames dans le cou. Mes muscles s'engourdissent, je sens la pression, putain j'ai pas envie de mourir comme ça. Comment peut-on tomber dans cette situation grotesque. Alors que j'essaye de me dégager de cet ours, sans aucun résultat, un choc met un terme à la vie de l'animal. Une attaque de loin, un chasseur avec un arc ou une arbalète, je vais survivre à ce calvaire. La chance de ma vie. Ma respiration se ralentit peu à peu, c'est une faveur de cet être tout puissant. Peut-être que ce voyageur que j'ai tué était un criminel hautement recherché. On ne sera jamais. J'entends au loin les pas d'une personne s'approchant, il ne faut pas que je tombe sur un chasseur timbré. Mon beau sourire empaillé dans un salon.

Et non, avec la chance que j'ai, l'homme essaye d'enlever l'ourson, après plusieurs essaies, je retrouve ma mobilité physique. Cela fait du bien, je commence à avoir froid et mes muscles ne répondait plus à mes demandes. Je regarde l'inconnu et lui tend la main. Je doute qu'il veuille serrer ma main plein de sang mais il me relève quand même. Je range mes lames dans mon attirail, j'ai des couteaux dispersé dans tout mon costume. Il faut bien, j'ai besoin de multiples projectiles pour abattre mes cibles. Je me nettoie de cette bave et de sang, éparpillant les liquides sur la neige.

Il a bien fait de me libérer. En plus d'avoir l'ours sur moi, si personne n'était intervenu, la tempête aurait fini le travail et m'aurait gelé la peau progressivement. Une sensation qui me glace le dos, seulement en y pensant. On ne sait pas ce qui peut nous arriver sur notre chemin. L'apparition de cet homme est une chance et une opportunité à saisir. Je suis solitaire de base mais pour certaines quêtes, il faut agir à plusieurs. Les bêtes ou les monstres qui abritent certaines grottes ou endroit sont particulièrement dangereux. Il faut savoir joué ses cartes au bon moment et d’avoir à qui s'allier. Cet homme a l'air d'avoir une bonne conscience, un duo couteau/flèche, ça peut le faire.

L'homme me parle de ma fourrure, attirant les prédateurs des montages. En premier temps, je l'utilise pour avoir plus chaud et me couvrir de ses flocons. C'est une bonne idée de sa part, on va pourvoir attirer du gibier pour s'entrainer.

« Tu viens de me donner une idée l'artiste ! Attirer d'autres prédateurs pour pouvoir s'entrainer, qu'est ce que t'en dis ? »

Un sourire se dresse sur mon faciès et je commence à rigoler en tapant sur ma jambe. Un peu trop con dans cette situation, la tempête de neige est bientôt proche. Heureusement que le chasseur connait la position d'une grotte, on a pas beaucoup de temps avant que cette rafale de neige nous frappe violemment. On marche rapidement dans cette poudreuse lourde, l'homme me questionne afin de me connaitre un peu.

« Appelle-moi Joker, ça suffira. Je suis venu dans cette montagne afin de m'entrainer contre ce genre de bête et survivre dans ce climat rude. J'aurais pu y passé, merci l'ami. Je n'ai pas vraiment de chemin, je vagabonde tel un comédien, lançant mes couteaux quand il faut. Et toi ? Qui es-tu ? »

On continue de marcher, j'espère que la grotte n'est pas loin. J'ai quelques rations de nourriture dans mon sac, merci à ce feu voyageur.

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