Au voleur! [pv Hermina]

- Hey! Attrapez ce type! Au voleur! Au voleur!

En moins d'un instant, un tremblement de pas s'était attroupé à la poursuite de l'homme aux yeux violets. Dans le domaine du crime, une simple erreur, une minuscule maladresse peut facilement dégénérer et faire la différence entre des pièces de plus dans vos poches ou votre tête sur un plateau. Dangereux comme domaine, certes, mais Nazca Fandis vivait de cette excitation, cette montée d'adrénaline. Filant à toute allure, le voleur sorti de l'immeuble en un coup de vent, évitant de justesse un passant qui tenta de l'agripper à la porte en glissant sous son bras. Nazca se remit rapidement sur ses pieds et fonça au hazard le long d'un chemin entouré des restes du Cataclysme et de quelques maisons tenant à peine debout. La cape-manteau cachant son corps froissait violemment l'air tel le drapeau de la liberté.

En pleine course, il prit enfin le temps d'analyser son entourage alors que ses yeux s'ajustaient à la clarté du Soleil de midi. Derrière lui, un groupe de riverains en colère surgirent du bâtiment et se mirent aussitôt à ses trousses, laissant un énorme nuage de poussière à leur passage. Heureusement, le jeune homme avait déjà une bonne avance sur eux. Filant à toute allure en regardant par-dessus son épaule, il n'avait pas remarqué que les constructeurs au coin de la rue, qui s'acharnait à rebâtir la ville, avaient rapidement prit connaissance de la poursuite en cours et s'étaient prestement mit sur son chemin.

- C'est lui!

Lorsqu'il tourna la tête pour les apercevoir, Nazca eût le réflexe de zigzaguer entre deux des hommes largement plus grands que lui, ne voulant absolument pas perdre le momentum qu'il avait maintenu jusque là.

- Mêlez-vous de vos affaires!

Il passa en éclair à côté du premier, bondit sèchement de côté d'un pied à l'autre afin de tournebouler le prochain quant à la direction qu'il allait prendre, puis créa brièvement une illusion chez celui-ci lui montrant qu'il se propulsait vers la gauche, allant en réalité vers la droite. L'homme se jeta sur la figure pour simplement saisir de l'air. N'ayant pas vraiment le temps de chercher à comprendre ce qui s'était passé, il se tourna immédiatement en entendant les bruits de pas; Le malandrin s'était déjà élancé derrière lui.

- Mais qu'est-ce que tu fous?! Laisses-le pas s'échapper!

Trop tard, le malfrat avait déjà tourné la rue sans signe de ralentissement, mais les prolétaires ne le lâchèrent pas pour une seconde. Filant à toute allure et aboutissant dans un coin de ville bondé de monde, Nazca aperçu au loin une queue de cheval blonde qu'il pouvait reconnaître n'importe où parmi tant d'autres, particulièrement dû à la barrette bleue qui la couronnait. Pas de doute, c'était bien elle. Courrant de plus bel, avec une meute enragée pas loin derrière, il prit violemment la main de la fille au passage, sans se préoccuper de ce qu'elle faisait à ce moment là. Ne prenant pas la peine de ralentir, il se carapata avec la jeune femme vers une ruelle peu populée tout en la traînant derrière lui.

- Désolé, Pas le temps d'expliquer! Faut qu'on parte! Suis-moi!

Leurs pourchasseurs avaient eu peu de mal à traverser la grande allée où la jeune femme se trouvait deux secondes plus tôt et se retrouvèrent à leurs trousses juste à temps pour apercevoir les deux fuyards prendre le tournant au bout de l'étroite et sombre ruelle. C'est ainsi que débuta la folle poursuite à travers la ville à moitié en ruine.

Au Voleur!

with Nazca

C’était une journée plutôt tranquille et banale. Ça, c’était avant que Nazca me dise qu’il avait quelque chose à faire avant de poursuivre notre route. Cela ne m’inspirait pas confiance, le connaissant, il prévoyait quelque chose de louche. En plus, nous étions en plein jour. J’étais sûre qu’il avait une idée pas nette derrière la tête, mais je ne pouvais pas m’en assurer complètement. Il m’avait donc dit de l’attendre dans le coin et qu’il reviendrait dans moins de trente minutes. C’était ce que j’avais fait, comme une bonne petite sœur qui écoute son grand-frère (et ce, malgré mon âge). Mais j’avais confiance en lui, du moins, la plupart du temps. Cela ne m’empêchait pas d’être inquiète pour lui.

Il n’y avait pas grand-chose à faire dans ce secteur, le trois-quarts de l’endroit était en ruines et le reste des bâtiments tenaient à peine debout, bref, rien de sécuritaire. Je me mis à marcher sans but, étant donné que je n’avais rien de mieux à faire. Je ne voulais pas trop attirer l’attention puisque je ne savais pas trop les intentions de Nazca, alors je restai le plus possible à l’écart des gens dans la rue. Le temps semblait passer lentement. Je commençais vraiment à m’ennuyer. C’est alors que quelqu’un prit soudainement ma main et m’entraîna à sa suite en courant. Pas de doute, c’était mon frère. J’accélérai le pas pour ne pas trébucher et m’étaler de tout mon long. Il me lança de brèves excuses qui ne furent pas assez convaincantes à mon goût. Dans quoi s’était-il encore fourré? Apparemment, nous avions des poursuivants. J’eus envie de répliquer, mais le moment était un peu mal choisi. Il nous fit tourner dans une ruelle, tentant de semer les gens qui nous pourchassaient. Je jetai un coup d’œil en arrière de nous, ils nous avaient suivis. Je lâchai un petit juron et me retournai vers Nazca.

« Qu’est-ce que tu as encore fait?! »

Nous nous frayèrent un chemin à travers le dédale de ruines de la ville. Il fallait trouver un endroit où se cacher, mais c’était justement le problème. Il y avait peu d’endroits disponibles ou sûrs et il fallait déjà réussir à les rendre confus pour qu’ils perdent notre trace. Je ne savais pas encore combien de temps j’arriverais à courir comme ça, mais probablement pas longtemps. Je fixai mon frère d’un regard noir. Je n’arrivais pas à penser et je devais garder mon énergie le plus possible. Être en colère contre lui attendrait à plus tard.

Non mais à quoi avait-il pensé? Attraper Hermina au passage ne faisait que compliquer les choses. Non seulement elle n'avait rien à voir avec ça (du moins pour cette fois), mais en plus elle allait le ralentir. Il avait aperçu sa soeur dans la foule et son premier réflexe avait été de l'amener en sûreté avec lui, alors qu'en réalité il venait de l'impliquer dans le vol!

- Qu’est-ce que tu as encore fait?!

Avait-il vraiment besoin de lui dire? C'était bien assez évident comme ça avec la foule en colère qui était à leur trousse. Le vague sentiment de remord que ressentait Nazca ne lui donnait vraiment pas envie de lui dire directement.

- Rien du tout!

Il prit un virage sec, puis un autre pour se couper de la vue des poursuivants, tirant Hermina vers lui alors qu'il s'adossa au mur, la collant contre lui. Il remarqua alors sa forte respiration, lui faisant réaliser qu'elle n'allait peut-être pas pouvoir continuer ainsi trop longtemps. Lui-même, d'ailleurs, commençait à fatiguer. Il courait depuis plus longtemps, après tout.

- Ils m'ont juste reconnu et ils veulent mon autographe. Si je te traîne, c'est pour te protéger. Ils vont tous se jeter sur toi s'ils te voient

Laissant Hermina reprendre son souffle quelques secondes, Nazca lança un regard sur la ruelle. Les pourchasseurs s'étaient séparés en deux groupes. À ce rythme-là, ils allaient complètement bloquer toutes les issues de ce coin de ville. Une bande s'approchait dangereusement d'eux à la marche. Nazca connaissait la ville, il savait qu'ils étaient coincés. C'est probablement pour ça qu'ils avaient arrêté de courir, pour laisser le temps aux autres de les contourner. Il commençait à s'inquiéter pour sa soeur.

- Okay, je déconne. J'ai volé du pain.

Nazca tapota une poche de sa cape avec satisfaction avant que l'expression de son visage devienne plus amère.

- ... Et peut-être le contenu de la caisse aussi.

Le groupe s'approchait de plus en plus des fugitifs, et les seules issues menaient soit à un cul-de-sac au prochain virage, soit à la rue dans laquelle attendait forcément le deuxième groupe. Il devait agir vite, mais il avait déjà un tour dans son sac parfait pour cette occasion.

- Reste là, j'ai une idée.

Le voleur s'éloigna de la bifurcation, en direction du cul-de-sac, et se pencha devant un tuyau lié à une gouttière restée intacte. Fouillant dans son manteau, il en sortit de la ficelle qu'il attacha rapidement au tuyau, puis en fit le tour d'un tonneau situé au mur opposé de la ruelle. Pour vérifier que le tout était bien fait, il tira au milieu de la fine corde avec son index pour en tester la raideur. Satisfait du résultat, il pinça ludiquement la ficelle pour produire un bruit tel un instrument à cordes, un sourire se dessinait au coin de ses lèvres.

Soudainement, Nazca retourna à la bifurcation et sorti carrément sa tête du coin de rue, bien visible, pour voir à quel point les pourchasseurs étaient près. Évidemment, ils l'avaient aperçu, et se mirent aussitôt à se remettre à courir pour l'attraper.

- Il est là! Je vous l'avais dit qu'il n'y avait aucune issue!

Ça avait marché. Il étaient tombés dans le panneau en croyant qu'il avait fait demi-tour après s'être rendu compte qu'il s'agissait d'une impasse. Alors qu'ils accouraient vers lui, Nazca prit un faux air surpris avant de retourner à Hermina et d'enlever sa large cape-manteau.

- Ne bouge pas!

La poussant légèrement contre le mur, tout près du virage, le mage noir se colla contre elle et souleva sa cape devant lui, en parallèle. Le manteau, d'une couleur pas si similaire aux briques des murailles, était bien assez large pour couvrir leur deux corps sveltes, mais pas assez pour cacher leurs bottes. Pour une rare occasion, Nazca priait à la Déesse que le subterfuge allait marcher, qu'il maîtrisait assez bien ses illusions pour passer inaperçu. Une goutte de sueur descendit le long de sa tempe alors qu'il se serrait les dents, tentant de se concentrer du mieux qu'il pouvait. C'était quand même difficile avec un si beau corps serré contre le sien.

Les bruits de pas étaient maintenant tout près. Fermant les yeux, Nazca utilisa toute sa concentration pour situer au son les quatre ou cinq personnes s'apprêtant à tourner le coin de rue. Il visualisait le motif des briques composant la muraille, ainsi que leur couleur, imaginant sa cape sous des motifs identiques. Il se remémorait ce dont la ruelle avait l'air de son propre point de vue lorsqu'il avait répondu à sa soeur avec son mensonge typiquement idiot, imaginant le point de vue de ses poursuivants. C'est cette image qu'il projeta dans leur esprit, tentant à la fois de faire fondre la cape dans l'environnement ou de simplement la leur faire ignorer.

- Là-bas, c'est un cul-de-sac! On va l'avoir!

Les bruits de pas passèrent rapidement devant eux avant de laisser place à un trébuchement chaotique. Le piège à con ayant sublimement fonctionné, Nazca laissa à peine un soupir s'échapper qu'il reprit la main de Hermina et reparti de nouveau à la course dans la direction même d'où ils venaient, avant que les autres n'aient le temps de se relever, voire même de se retourner. Tenant à bout de bras la main de sa soeur et évitant les quelques passants dans son chemin, Nazca ne prit cependant pas le temps de ralentir, souhaitant élargir le plus possible l'écart entre eux et leurs pourchasseurs.

Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'un troisième groupe les attendait plus loin, dans l'artère principale de la ville où il avait attrapé Hermina au passage. Et ils s'y approchaient à grande vitesse.

» Hermina Fandis ♣ Fiche
» Un voleur sachant tuer.
» Cent ans pour le Voleur.. Un jour pour le Maître ? [Jin Tachibana]